3 novembre 2016

La Bolivie



Arriver en Bolivie (à Villazon exactement) depuis la frontière terrestre avec l'Argentine, c'est se plonger directement dans le folklore bolivien. Des magasins et des supérettes de tout et de n'importe quoi ravissent les argentins venus dépenser quelques bolivianos et sauver quelques pesos. De la coca à tous les stands, des clefs USB, des smartphones, des tissus colorés en tout genres et bien sûr une dizaine de bureaux de change. On est loin du pull fait main en laine d'alpaga mais on y viendra.


Le trajet approximatif


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De la frontière argentine à Tupiza


La Bolivie. L'un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud mais aussi l'un des plus éclectique. Nous prenons un mini-van pour rejoindre Tupiza depuis la ville frontière Villazon et le comique continu. Le mini-van est en fait une voiture break et 7 personnes avec le chauffeur s'y entassent.

Dans le lot, il y a un homme à la carrure imposante qui s'installe à côté de Thomas, occupant une bonne partie de l'espace mais à l'air sympathique et transportant sa guitare. Comme nous nous baladons aussi avec une guitare et un ukulélé un "concert" s'improvise dans le taxi. L'ambiance est posée.



À Tupiza, on s'affaire aussitôt à trouver un hostel et on négocie dans le même temps le tour qui nous fait saliver depuis quelques semaine : le Salar d'Uyuni. Une expédition de 4 jours/3 nuits que l'on arrivera à obtenir pour 1100$ (~140€), tout compris, en 4x4 dans la province du Sud-Lipez (partie Sud-Ouest de la Bolivie).

Nous négocions ardemment pour obtenir un bon tarif avec l'une des meilleurs compagnie (La Torre) et l'effort en valait la peine.


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Le tour du Salar d'Uyuni


Trois 4x4 pour 14 touristes, 3 chauffeurs et 2 cuisinières sont dans les starting blocks. Les 4x4 passeront par des zones et des chemins magnifiques aux couleurs splendides tout en traversant des zones désertiques pendant 4 jours complets. La variétés des paysages est spectaculaire et dès le premier jour nous sommes conquis.


Tupiza de nuit c'est mignon aussi !

A la sortie de Tupiza, la route monte sur le flanc et le sommet des montagnes pour nous faire traverser des canyons et admirer les formations rocheuses en pique. Les premières dizaines de kilomètres sont déjà extraordinaires.


Quand nous commençons à être loin de tout, il y a toujours une petite maison en torchis, en pierre ou en bois avec des occupants âgés s'occupant de quelques lamas. C'est à peine croyable. Au milieu du désert, premier village à 50km et toujours de la vie.

Plus tard dans la journée dans un parc protégé, c'est au tour d'autres formations naturelles mais plus fragiles de faire leur apparition. Une architecture de poussières sculpté par le vent.



Nous continuons de monter et finissons par atteindre l'altitude de 5000m (pour rappel le Mont blanc est à 4809m!). Mais aucun flocon de neige n'est présent, il fait toujours une température raisonnable (5° degré peut être), le vent est néanmoins bien présent.



J'me couche moins bête
Nous avons anticipé le mal de montagne qui apparaît généralement près de 3000m d'altitude et mastiquons doucement notre coca afin d'obtenir ses effets curatifs. Les feuilles de coca sont cultivés principalement en Bolivie et au Pérou à des fins rituelles ou médicinales. Elle joue aujourd'hui un grand rôle dans la culture andine. On en tombe pas addict, même s'il est difficile de parler de coca sans penser cocaïne. La quantité de cocaïne dans une feuille de coca est faible (0,5%) en revanche elle est très riche en calcium, potassium et vitamine A.

Il serait stupide de nier les effets positifs de ce petit arbuste : d'une part ça calme mon mal de gorge grâce à son effet anesthésiant, d'autre part ça rend me légèrement stone ce qui permet de mieux faire passer l'altitude. La coca améliorerait et stimulerait aussi la respiration. Puis enfin en 1886 un certain docteur Pemberton créa une boisson à base de coca : le Coca-Cola. Ça vous dit quelque chose ?



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Nous passons près d'un ancien village colonial espagnol en pierre construit dans ce milieu inhospitalier pour l'extraction minière. La mine est aujourd'hui fermée mais les traces de ce village perdu au milieu de nulle part me stupéfait. Les colons espagnols ne reculaient devant rien pour piller les ressources des pays colonisés...


Les lamas, les vigognes, les émeus ainsi que les flamands roses semblent prendre leurs aises sur ces terres encore nues de toute activité humaine. Seules quelques herbes sèches et des mousses osent s'aventurer sur ce terrain sec. Parfois un condor survole de haut les plaines désertiques et nous pouvons admirer son envergure extravagante de 4m filer dans le ciel.


Je vous avais dit qu'on y viendrait
à la laine d'alpaga faite main !



Nous observons dès le deuxième jour des petits salars ou des mines de borax (composé chimique vendu en grande partie au Chili pour la fabrication de détergents). Des lagunes font également leur apparition dans ces zones désertiques. C'est irrationnel et pourtant... !

La "Laguna Verde" gagne sa couleur vive quand le vent caresse sa surface. Sans vent, point de couleur, ça pourrait s'apparenter à de la magie.


Plus loin, des geysers transforment une partie de la Terre en zone extraterrestre. L'eau ou plutôt ce liquide gris à travers les nuages blanc et les fumées jaunes de soufre pourraient faire partie d'une scène de cinéma sur Mars. D'ailleurs, des scientifiques apparentent cette zone comme étant l'une qui peut se rapprocher le plus de la planète rouge, c'est dire !


Des troupeaux de lamas qui paissent tranquillement et des petits renards du déserts qui gambadent en quête d'un peu de nourriture font aussi partie de la magie.




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Au soir, la Laguna Colorada nous offrira ses plus beaux contrastes et sa faune ses plus belles couleurs. Une algue qui donne la couleur rouge au lac prolifère dans cette lagune géante pendant que les flamand roses se régalent des petits crustacés et autres insectes.


Nous remontons toujours vers le nord pour rejoindre le Salar d'Uyuni au quatrième jour. En attendant, nous continuons notre avancée à travers des paysages désertiques toujours changeant. On observe ainsi des formations issues de roches volcaniques qu'ils appellent communément "la Cupa Del Mundo" ou encore "la Petite Italie".


La Laguna Negra située un peu plus loin est célèbre pour être de la forme (approximative, je souligne) de l'Amérique du Sud. L'ambiance est zen et relaxante au centre de ces roches venue de nulle part.



J'me couche moins bête
Pendant que nous roulons nous traversons des champs de quinoa tout juste plantés. Cette céréale ne demande que très peu d'eau ce qui convient parfaitement au climat. Il ne pleut que 2 à 3 mois par an et en petite quantité. Cette céréale est riche en fer, en protéines et contient de plus les 8 acides amines nécessaires à la vie. Moins connue en Europe car ne contenant pas de gluten (donc pas panifiable), elle est très utilisée en Amérique du Sud. Le Pérou et la Bolivie sont d'ailleurs les deux premiers producteurs mondiaux.

Nous terminons par traverser une véritable partie de désert sur plus de 30km pour rejoindre un hostel de sel. Vous avez bien lu, un hostel où les murs sont en sel, le sol en sel, les tables et les lits en sel. Ils n'ont pas osé la toiture tout de même. Ça ne manque pas d'originalité.



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Nous nous lèverons à 5h du matin afin d'arriver sur le Salar d'Uyuni à l'heure où le soleil se lève. C'est inimaginable tant que ce n'est vécu. Nous roulons sur le désert de sel le plus grand au monde et la "route" file droit jusqu'à la "Isla Incahuasi" que j'appellerais plus communément l'île aux cactus. Quand le soleil se lève, ses couleurs sont plus belles que jamais. Le ciel est sans nuages, seul un blanc éclatant et un bleu pur délimitent ma vision de l'horizon.


L'île aux cactus est comme l'intrus ou plutôt la singularité d'un tout qui rend la chose unique et finalement splendide. Des cactus centenaires voire millénaires au milieu d'un désert de sel, on avouera que ce n'est pas banal. La nature fait bien les choses.



J'me couche moins bête
Il y a environ 14.000 ans le lac Tauca recouvrait la totalité du Salar actuel. Sa superficie est aujourd'hui estimée à 10.600 km², elle constitue le plus vaste désert de sel du monde et représente un tiers des réserves de lithium exploitables de la planète... autant vous dire que cela attire bien des convoitises.

Comme tout bon touriste qui se respecte nous nous amusons à prendre quelques photos en jouant avec l'horizon pour une illusion parfaite.


Nous remercions chaleureusement chauffeurs et cuisinière qui nous ont dorloté pendant 4 jours pendant qu'ils nous déposent à Uyuni. Nous prenons la route aussitôt vers Sucre, capitale économique du pays, via un bus qui reflète parfaitement le folklore local : moteur qui vrombi, une carlingue rouillée, pas de clim' et bien sûr, la musique à fond.


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Les marchés de Sucre et le refuge de Samaipata


A Sucre, nous apprécions particulièrement le grand marché central pour ces variétés de légumes et ces choix de fruits. Les étales sont multicolores et rien que pour les yeux, ça vaut le détour. Ses places bien vertes et ses rues qui ne manque pas d'activités sauront vous offrir également du bon temps.


Je suis Thomas à Samaipata, un petit village surprenant par les touristes qu'il attire. Il a prévu un volontariat dans un refuge zoologique (via workaway, voir mon article dessus!).

J'y reste 3 jours, juste assez pour connaître l'environnement et l'ambiance du lieu. Je vous résume, les surprises font partie du quotidien.



Dona, le singe hurleur, est constamment sur mes épaules tandis que je m'affaire à nettoyer les cages des kaokis et des capucins. Les 16 chiens s'impatientent de recevoir leur gamelle tandis que les chevaux s'évadent du refuge. Ça fait chanter les perroquets azul qui restent perchés sur leur petit bout de branche.


Victorina, le singe araignée, est plus sauvage et ne s'approche que si j'ai un morceau de fruit entre les doigts. Pareil pour le toucan qui essaie de me pincer les doigts, sans succès. Jenny, une femelle capucin, est en manque d'affection et m'attrape les mains (ou les cheveux) quand je passe près de sa cage...


Autant d'histoire que de minutes passées. Je considère cela comme un privilège d'avoir vécu parmi ces animaux en liberté. Merci Manu !
Pour les visiteurs ou les futurs volontaires, "El Refugio Zoológico" se trouve à 2km au Sud de Samaipata (18°11′50.75″S 63°52′45.63″W).


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El Fuerte : les traces immuables des Incas


Samaipata c'est aussi une région riche en culture Inca et particulièrement à cause de "El Fuerte", un fort Inca, sculpté directement dans la roche, un monolithe en réalité.

Déclaré patrimoine culturel de l'humanité par l'UNESCO en 1998, la structure mesure 220m de long sur 63m de large. À savoir que ce lieu servait en particulier à des rituels et à des cérémonies, notamment à cause des représentations religieuses ou "magiques" sculptées sur tout son pourtour. Les Incas ne sont qu'une civilisation parmi d'autres ayant occupé les lieux, pendant environ un siècle, de 1450 à 1550.

Après cette visite, je reprends la route seul, je laisse Thomas à son refuge. 24h de bus et d'attente sont nécessaires pour rejoindre La Paz. Les bus boliviens doivent être parmi ceux qui rentabilise le moins le ratio temps/trajets.





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La Paz


La Paz c'est une ville en cuvette qui impressionne tant par sa taille que son agencement. Toutes les maisons en briques rouges identiques s'accrochent à des flancs de montagnes selon une inclinaison impressionnante à faire friser les moustaches de Newton.


Je pose mes affaires à un hostel et m'occupe rapidement de choisir une agence pour le tour Huayna Potosi : l'escalade d'une montagne à 6088m d'altitude. Le hasard des choses fait que je rencontre à nouveau Julia, une suisse-allemande croisée plus tôt à Tupiza, et fait la connaissance de Jas, un allemand, Bruce un australien et Sam, un belge.


Je continue pour autant la visite de la ville, dont le musée sur la coca, le musée des instruments de musique ainsi que quelques marchés et rues pittoresques. Le centre ville est très vivant notamment par des artistes de rues qui viennent montrer leur talent sur la place principale.

J'me couche moins bête
En Bolivie, et particulièrement à La Paz, les femmes portent des chapeaux ronds (façon Charlie Chaplin) ou d'autres plus communs. L'apparition de cette habitude vestimentaire vient du temps colonial ou les "conquistadors" espagnol faisait porter aux populations un chapeau pour les distinguer d'autres populations d'autres régions. Depuis, ce code à été gardé et il fait aujourd'hui partie du folklore du pays.




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Le défi : Huayna Potosi


Nous partons au petit matin (avec Jas et Sam) pour trois jours, en groupe de 8, dans un mini-van bien rempli. L'endurance de deux heures de trajet sur piste et cailloux fait partie du tour.

Nous essayons sur le terrain notre matériel, surtout crampons et piolet, indispensable à la montée. La grêle ne nous aide pas mais nous escaladons néanmoins quelques murs de glace.


Faire le trip en trois jours permet une plus grande acclimatation de notre corps au peu taux d'oxygène (pendant cette période notre système produit en plus grande quantité de globules rouges, nécessaires pour acheminer l'oxygène aux muscles).


Nous montons le lendemain après-midi au deuxième refuge situé à 5180m d'altitude. Je me promène un banal mal de tête dû à cette altitude. Nous rejoignons les lits vers 18h30 dans l'objectif de se lever vers minuit pour poursuivre le trek.

À vrai dire les lits servent plus de repose tête que de lieux où dormir. A cette altitude, il est difficile de fermer l'œil tant votre corps n'est pas habitué à si peu d'oxygène.

Bref, crampons au pieds, 4 couches de pulls et manteaux, lampe frontale installée, nous partons pour des heures de marche et d'escalade. Dès le début nous marchons très lentement pour économiser l'énergie que nous aurons bien besoin plus tard.


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Encordé depuis déjà 2 bonnes heures, nous marchons jusqu'à arriver à un mur de glace de 20m à escalader avec piolet et crampons. À la fin de l'exercice épuisant, le guide s'exprime : "j'espère que vous n'êtes pas fatigué, nous sommes à ¼ du trajet."
Voilà un message rassurant et motivant à la fois !

Il m'est difficile d'exprimer la peine que nous avons eu à escalader cette montagne. Plusieurs fois nous avons pensé à l'abandon tellement les jambes tremblaient de fatigue. Tellement le cœur s'emballait par absence d'air, même si vous n'êtes pas épuisé, il n'en peut plus, il bat à toute vitesse.


Près de 6h auront été nécessaire à gravir le mont afin d'apprécier un lever de soleil mémorable ainsi qu'une vue sur 360 degrés bien méritée. Nous sommes alors sur le toit du monde, 6088m d'altitude, au dessus des nuages et une vue possible à des dizaines de kilomètres. On peut d'ailleurs distinguer le lac Titicaca situé à une petite centaine de kilomètres.



Ensuite, c'est une descente interminable de 3-4h qu'il faut enchaîner dans l'empressement à cause des risques d'avalanches, le soleil se lève et la neige commence à fondre. Ça été finalement l'épreuve la plus dur de tout mon voyage mais elle restera en même temps aussi comme l'une des plus belles.


Enfin de retour à la capitale, nous prenons un bus direction Copacabana pour rejoindre Julia et Bruce et afin de visiter le fameux lac "le plus haut du monde".


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Le lac Titicaca


Au sein de ce lac, qui se trouve pour rappel à la frontière péruvienne, se trouve une petite île, "La Isla del Sol" (l'île du soleil). C'est ce petit bout de terre en particulier qui attire de nombreux touristes. Une île accessible en deux heures de bateau que je parcourerais ensuite à pied (pas de routes, pas de voitures, juste des chemins).



J'avais de grandes attentes pour la visite de ce lac mythique, j'avoue avoir été légèrement déçu. Malgré que l'île soit entourée d'eau (le lac est immense, 3600km² !) la terre demeure très aride et quasi rien ne pousse hormis quelques téméraires eucalyptus. Le trek est néanmoins joli et ses rues pittoresques où les ânes portent leur fardeau donne un charme certain.



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Je reste accompagné de mes 4 compères pour ensuite rejoindre Arequipa au Pérou. On se rejoint bientôt pour ces nouvelles aventures ! En attendant j'espère que vous avez apprécié cet article, n'hésitez pas à vous exprimer dessus, à très bientôt ! :)



Espace défi Julie !

Couleur : celle d'un bleu de ciel qui ne s'est que rarement assombri
Animal : le lama, ça va de soit !
Lieux : au risque de paraître prévisible, le Salar d'Uyuni
Musique : Prisoner, Joe Bonamassa, car j'ai vraiment apprécié ce pays !

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Merci beaucoup pour votre assiduité !
N'hésitez pas à commenter et à me rejoindre sur ma page Le Normand Itinérant !

À très bientôt !
Have a nice day !



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